Entretien avec Stéphane Rambaud
Stéphane Rambaud est un coutelier de talent. Il travaille à la Forge de Laguiole depuis maintenant 20ans. Ses couteaux sur mesure sont demandés dans le monde entier.
Nous vous invitons à explorer son univers. Vous y découvrirez un aperçu de son travail et des explications sur sa vision de ce qui fait un bon couteau de Laguiole, avec sa forme unique. En tant que coutelier, il lui tient à cœur de respecter les lignes traditionnelles tout en donnant une nouvelle ampleur à ce couteau si emblématique.
Tu as intégré la Forge de Laguiole il y a maintenant 20ans, qu’est qui te fascine dans ce lieu ?
La Forge de Laguiole est l’une des plus prestigieuses manufactures de couteau du pays, et jouit d’une importante renommée en France. Ce couteau est tout un symbole pour la région de l’Aubrac, et certains dirons même pour toute la France. Le fait que je puisse créer, ici, des couteaux de Laguiole personnalisés pour des clients du monde entier est une grande chance pour moi.
Qu’est ce qui fait un bon couteau pour toi?
La lame joue un rôle très important. L’acier doit être d’excellente qualité, tout comme le traitement thermique et la dureté de la lame. De la même manière, les matériaux utilisés doivent être sélectionnés avec soin pour une parfaite qualité du manche. Cela ne veut pas dire que tout doit être complexe. Certaines étapes de fabrication peuvent être plus simples, et d’autres étapes demandent de la précision.
Parlons maintenant de tes créations. Comment commences-tu ton travail lors de l’élaboration d’un nouveau couteau ?
Tout commence avec une barre d’acier, comme le T14 ou l’acier Damas carbone ou inox, que je travaille moi-même afin de découper une lame. Ensuite, je travaille le ressort et les platines en effectuant le motif de la mouche qui peut être différent de l’abeille, comme un emblème, un animal ou encore une fleur. Je continue en effectuant le guillochage du ressort à la lime et au burin, très souvent sur le thème des feuillages, chêne, olivier, houx…
Après avoir réalisé le traitement thermique, j’ajuste la lame et le ressort ensemble.
Il est alors temps de donner forme au manche du couteau. Bois, matières animales, matières synthétiques, j’ajuste chaque plaquette pour qu’elles s’adaptent parfaitement au ressort et aux platines. À ce moment du processus de fabrication, on a déjà déterminé la forme finale du couteau et nous avons une première idée de son esthétisme. Je peux également être amené à sculpter le manche ou à travailler les platines.
La dernière étape consiste à assembler l’ensemble des pièces pour donner vie au couteau, avec une attention particulière à chaque pièce. Je fais tout mon possible pour satisfaire les demandes les plus complexes.
Quel est le couteau le plus complexe que tu as réalisé à la Forge?
Une fois, j’ai conçu une abeille unique intégrant un mécanisme ingénieux qui permet d’ouvrir et de rabattre ses ailes. Pour parvenir à ce résultat, j’ai élaboré un système de très petite taille, ce qui représentait un véritable défi technique. La réalisation de ce projet a été extrêmement gratifiante et m’a apporté beaucoup de plaisir.
Qu’elle a été le couteau qui a été le plus gros défi pour toi ?
En 2024, j’ai imaginé et créé un couteau d’exception : un couteau pliant à trois pièces, reprenant la silhouette emblématique d’un couteau Laguiole plein manche. Le véritable défi a été d’intégrer la vrille du tire-bouchon à l’intérieur du ressort, sans compromettre l’esthétique ni l’ergonomie du couteau. Ce projet a exigé une grande patience et une maîtrise technique approfondie pour aboutir à ce résultat.
Et qu’elle a été la demande client la plus originale pour toi ?
Il y en a eu plusieurs ! La première qui m’a marqué fut celle d’un client qui souhaitait voir le visage de son chien reproduit à la place de l’abeille. Mon objectif était qu’il reconnaisse immédiatement son compagnon.
J’ai aussi réalisé un couteau pour un passionné de guitare : le manche était en bois issu d’une guitare, agrémenté de l’image d’un guitariste remplaçant l’abeille, et le ressort arborait une partition musicale.
Enfin, pour un amateur d’automobile, j’ai conçu un couteau aux couleurs de sa marque préférée.
Comment trouves-tu l’inspiration et combien de temps cela peut prendre ?
Cela dépend totalement du matériau utilisé et des désirs du client. L’un des points essentiels c’est le guillochage du ressort sans oublier le ciselage de l’abeille. Dans la mesure où je fais tout à la main cela peut prendre plusieurs heures. La prochaine étape importante, c’est le manche. Il y a des facteurs à prendre en compte en fonction des différents matériaux utilisés pour le manche. Par exemple, les bois en provenance d’Europe sont plus faciles à travailler que les bois exotiques. A l’inverse des matériaux exclusifs comme la nacre ou l’ivoire de mammouth qui requièrent un travail très minutieux. À ce moment de la création, c’est l’expérience qui prime. Une fois tout mis bout à bout, la finition du guillochage, de l’abeille et du manche peuvent prendre plusieurs jours de travail.
Après autant d’année a créé des couteaux uniques, qu’elle est ta motivation ?
Le prochain couteau, car il reste un projet encore inexploré, une véritable invitation à la créativité. Chaque création est une pièce unique, que je façonne sur mesure pour répondre aux désirs du client.
Vous pouvez retrouver ces dernières créations dans nos différentes boutiques : à la manufacture, dans le centre-ville de Laguiole, à Rodez, Toulouse et Paris, ou sur notre site web.
Êtes-vous intéressé par un couteau Forge de Laguiole exclusif et réalisé uniquement pour vous par Stéphane Rambaud ? Envoyez-nous un mail à l’adresse : contact@forge-de-laguiole.com