La Forge de Laguiole vous fait visiter l’Aveyron à travers nos écrivains. Prosper Mérimé a eu un coup de cœur pour Conques lors d’une visite près de Laguiole : « L’abbaye de Conques, de l’ordre de Saint Benoît, chef-lieu de plusieurs· riches monastères soumis à la même règle et dépendant du même chef, fut, au dire de ses historiens, fondée vers la fin du 11e siècle dans une espèce de désert, au milieu des plus âpres montagnes du Rouergue. »
Ainsi, débute l’évocation de l’abbatiale Sainte-Foy de Conques que l’inspecteur général des monuments historiques Prosper Mérimée adresse à son Ministre de tutelle et qu’il reprend dans ses Notes d’un voyage en Auvergne et dans le Limousin, publiées en 1838 par La Librairie Henri Fournier.
C’est que l’auteur des nouvelles, la Venus d’Ille, Colomba ou Carmen, né à Paris le 28 septembre 1803, a éprouvé un véritable coup de cœur pour ce village de Conques et surtout pour son église qu’il décrit minutieusement et dont il vante les trésors.
A propos des bas-reliefs de l’une des portes de l’enfer, il note : « il y a plus d’imagination que n’en montrent d’ordinaire les compositions de cette époque ; et les amants étranglés de la même corde, l’abbé protecteur d’un roi, le chanteur et le gourmand punis par où ils ont péché, annoncent une certaine recherche d’idées ».
D’ailleurs, il regrette de ne « pouvoir citer que ses souvenirs » n’étant « nullement préparé à trouver tant de richesses dans un pareil désert » avant de conclure par une supplique en bonne et due forme : « Monsieur le Ministre, Je vous demanderai pour l’année prochaine de bien vouloir continuer votre intérêt à ce monument si remarquable et dont quelques sacrifices assureront définitivement la conservation. »
Passage obligé de la préparation du baccalauréat français, pour ces récits, le romancier ou l’homme de théâtre, Prosper Mérimée est aujourd’hui un peu tombé dans l’oubli. Véritable honnête homme du XIXe siècle, historien-archéologue, polyglotte, très bon dessinateur et excellent musicien, ce voyageur infatigable et pèlerin sagace traquera vingt ans durant les monuments en péril, témoins de l’histoire architecturale française. Non content, de les recenser, il s’emploiera à les sauver de la disparition avec une ténacité peu commune.
La fameuse « Base Mérimée » crée en 1978 mise en ligne en 1951 par le Ministère de la Culture et de la Communication et la direction de l’Architecture et du Patrimoine, lui rend un hommage bien mérité. Asthmatique, Prosper Mérimée aimait la méditerranée et notamment Cannes où il mourra le 23 septembre 1870. Gageons qu’après sa visite de Conques et avant de rejoindre Espalion, il n’aurait pas dédaigné les saveurs d’une tranche de Laguiole et d’un verre de Marcillac débouché avec le pliant lame et tire-bouchon manche en olivier Forge de Laguiole.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France. Photo Wikipedia
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