On imaginait le mot d’origine anglaise comme pick-up, pick-pocket, le k s’étant francisé. On se trompait, selon le grand Robert le pique-nique est une affaire française née à la fin du XVIIe siècle. Il combine le verbe piquer qui signifie mille choses dont celle d’attraper et le mot nique qui veut dire rien ou petite chose. On utilise alors l’expression « Faire un repas à pique-nique » où chacun « apporte quelque petite chose à manger ou paie son écot ». Il peut prendre place sur un tréteau, proche de la « collation » telle que la royale Anne d’Autriche l’organisait dans les jardins des Tuileries.
L’arrivée du train au XIXe siècle va envoyer le pique-nique à la campagne pour le plus grand bonheur des peintres impressionnistes qui en font leur sujet de prédilection sous l’appellation de « déjeuner sur l’herbe ». Edouard Manet le sacralise ironiquement la façon classique, Claude Monet le rend quotidien et bourgeois. Le cinéma avec Jean Renoir (Une partie de campagne), les congés payés en 1936 et la naissance d’une culture de « l’excursion » achève de le démocratiser.
A la française avec une belle charcuterie, jambon, pâtés en croûte, volailles et galantines de foie ou une andouille de Jargeau et son pain de tradition, on n’a que l’embarras du choix : Graves, Bordeaux, Sancerre ou Tariquet ouverts fermement grâce au joli sommelier Forge de Laguiole en bois d’amourette finition brillante ou satinée.
Entre temps, le pique-nique est passé outre-manche et se métamorphosant en picnic. A l’inverse de l’hexagone, prenant la suite des « Hunters’ feasts », il s’y aristocratise sous le règne de la Reine Victoria. Rejoignant les pelouses raffinées du Royal Ascot, il fournit l’occasion d’un célèbres événements mondain et donne lieu à des spectacles délicieusement insolites : Des gentlemen à haute forme accompagnés de leurs ladies à capeline festoient assis sur l’herbe autours de nappes blanches avec argenterie, verres en cristaux et sommelier of course ! A tout seigneur, ce sont, d’ailleurs, nos amis et voisins qui l’introduisent systématiquement dans les fameuses mallettes en osier devenues pour beaucoup synonymes du picnic comme art de vivre ou plutôt « way of life » à l’anglaise.
A l’anglaise avec les délicieux chicken-pies, terrines, cornish pasties et Scotch eggs sans oublier l’incontournable club sandwich, l’élégant sommelier tire-bouchon en bois de cerf, finition brillante sera l’auxiliaire diligent d’une dégustation d’un Burgundy rouge ou blanc comme il se doit !
Enfin et pour ne pas oublier nos amis japonais, mentionnons la coutume du Hanami. Il s’agit des jours correspondant à la floraison des cerisiers (Hanami signifiant littéralement « regarder les fleurs »), qui est l’occasion de kyrielles de pique-nique organisées un peu partout sous les arbres sacrés. Relativement alcoolisée et abondante en nourriture, la cérémonie est le moment idéal pour resserrer les liens sociaux ou familiaux. Même si le jour est plutôt à la dégustation de pâtisseries, il n’est pas exceptionnel d’y voir des « bento » (boîtes à pique-nique à compartiments) garnis de leur korokke, ces croquettes à la japonaise. Gageons qu’excellents connaisseurs de vins notamment français, (en 1997, Shinya Tasaki est sacré meilleur sommelier du monde), les tokyoïtes et les habitants du Kansai (Kyoto-Oasaka) n’oublieront pas leur sommelier.
A la japonaise avec les savoureux korokke, sushis et leurs onigris (boulettes de riz) le sommelier laguiole en ébène noir profond (l’un bois de prédilection de l’archipel) finition brillante ou satinée fera merveille pour déboucher un Riesling Blanc ou un vin d’Anjou !
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