Les amoureux du laguiole damas ne l’ignorent pas, il existe deux façons de fabriquer la belle lame aux ondulations moirées : par cristallisation, par corroyage. L’une procède par fusion dans un creuset d’aciers de qualité diverses (dont le fameux métal wootz) et selon une technique répandue des Indes à la Perse en passant par la vieille Russie ou le damas prendrait, selon certains, le nom de « bulat ».
L’autre consiste à juxtaposer en les soudant alternativement des couches d’acier doux et d’acier dur, les unes sur les autres, c’est le damas par corroyage. Le nombre de couches et leur épaisseur va déterminer la nature du dessin et des effets. Le procédé est mis au point à partir du milieu du XIXe siècle grâce aux travaux des savants français, suédois, allemands et russes (il s’agit d’utiliser le fer de Sibérie).
Mais quelle que soit la technique choisie, la fabrication d’une lame damas passe nécessairement par l’étape de la révélation ou disait-on chez les Perses de « Mise en couleur ».
C’est là qu’intervient le fameux Zag, ce produit qui permet de révéler le moiré d’une lame damas. Il s’agit en réalité d’une solution de sulfate acide de fer et d’oxyde de magnésium, (appelée jadis magnésie) que l’on mélange à l’eau dans un cylindre et dans laquelle on plonge la lame. Sous l’effet de la solution, des lignes vagues ou zigzags apparaissent. S’agissant de la lame damas confectionnée par corroyage, celles-ci se dessinent d’autant plus facilement que l’acide ne corrode pas l’acier doux et l’acier dur à la même vitesse.
Dans un article paru dans La Revue de Métallurgie, de novembre 1911, Du damassé et des lames de damas, le Professeur B. ZSCHOKKE évoque le Zag qui va permettre de révéler une soudure sur une lame ancienne par changement de teinte. Aujourd’hui la révélation de la lame damas de votre couteau pliant laguiole se fait au perchlorure ou autres acides plus stables et le Zag est rentré au Lexique !
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