Le brame du cerf, patrimoine de l’Aubrac

L’automne est l’occasion de découvrir, retrouver, profiter des instants forts qu’offrent la forêt et ses sortilèges :  Ecouter le brame du cerf en Aubrac est l’un d’entre eux, avant de déguster une soupe dans un buron.

Figure centrale de la mythologie Européenne, le cerf n’est pas un animal quelconque. Chez les Gaulois, il a déjà partie liée avec le dieu Cernunnos, ornant de ses bois la tête de la divinité.

Dans la mythologie chrétienne, il est celui que rencontre Hubert de Liège, fils du duc d’Aquitaine, grand viveur et chasseur frénétique du vendredi saint. La légende raconte que du sous-bois, surgit « un grand cerf blanc dix-cors portant crucifix entre ses bois ». Dans l’obscurité, tonne une voix de commandeur ordonnant au pécheur de faire pénitence : “Chasser un jour pareil ? Pourquoi ne vas-tu pas prier ?” Animal -intercesseur, le cerf se fait porteur du lien entre le monde profane et le monde sacré.

« Quand le cerf qui brame se perd dans l’ombre du bassin… »

La réalité semble d’ailleurs rejoindre à la mythologie ; en 688, le véritable Hubert abandonne le duché d’Aquitaine à son frère pour devenir moine avant d’être élu évêque de Liège-Maestricht et Tongres. Devenu Saint, Hubert d’Aquitaine est naturellement consacré « saint-patron des chasseurs ».

Le cerf n’en reste pas là de ses merveilles, il apparait dans de nombreux contes dont Les deux enfants royaux ou Le cercueil de verre des frères Grimm.

S’il perd des bois et ses andouillers à la fin de l’hiver, ceux-ci repoussent plus beaux, plus forts, conférant à l’animal une aura de puissance. Certains rois de France et dignitaires du moyen-âge se faisaient enterrer dans un linceul en peau de cerf. Une valeur symbolique à laquelle s’ajoute l’énergie procréatrice que le cerf partage avec les chevreuil, daims et autres rennes.

Ainsi, dans la forêt, dès la fin septembre ou plus tard en fonction de la température, chaque cerf n’a qu’une seule idée : s’imposer comme le mâle dominant de la harde. Le roi en titre de la forêt répond à ces prétentions de façon la plus sonore qui soit : le brame, ce cri rauque et long destiné à intimider les prétendants et à prévenir les biches de son arrivée.

Le plus souvent, l’un d’entre les jeunes cerfs ne se soumet pas, forçant son aîné à défendre sa suprématie dans un combat homérique.

En Aveyron, l’Aubrac offre un territoire de prédilection à l’observation du cervidé amoureux.  On peut alors le voir à découvert, évoluer majestueusement au milieu des faons et des biches.

(Photo de une : PXhere)